Frappa à la porte un jeune homme, grand, vêtu d'un jean et d'un sourire...
- Bonjour, dit-il, as-tu vu le chêne ?
J'aurais donné tout l'or du monde pour poursuivre la lecture de mon livre...
- Je vois que tu fais un voyage tout à fait exceptionnel... il serait dommage de passer à côté de l'arbre...
Convaincue, je sautais dans mes sabots et commençais à suivre le jeune homme... celui-là même que j'avais ignoré la veille lorsqu'il avait décidé de se garer à côté de la roulotte... Après avoir traversé un champ, des ronces, des orties, une montée, je me trouvais face à une descente vertigineuse... et, si je parvenais en bas, je n'avais aucune chance (dans les temps) de remonter. Prudente, je décidais de faire demi-tour... et laissais mon appareil photo.
De retour à la roulotte, arrivait en trombe la gardienne des lieux...
- Mais ? Que faites-vous là !
Elle suffoquait devant Quidam qui, de son doux regard, réclamait un peu d'eau...
- Nous allons partir très vite... je la rassurais. Je ne pensais pas gêner...
Je vous épargne la liste des reproches, droits, devoirs...
Mais, au bout de cinq minutes, un léger sourire adoucit son visage plein de cette crainte d'être sermonnée par la propriétaire, peut-être cachée derrière l'une de ces portes...
- Excusez-moi mais... serait-il quand même possible de donner un peu d'eau au cheval... je tentais.
- Non !
Vous comprendrait pourquoi je passerai à côté du château de Comper sans même le visiter... sans vous chanter l'intérieur paré de toiles et d'une très belle expo (je pense)...
La morale de cette histoire est plus douce... le jeune homme, Nicolas, passa toute la journée en notre compagnie. Nous serons allés chercher de l'eau et découvrir une ville dont les murs sont aussi fermés que les visages des gens, emprunts d'un fatalisme et d'un déni du bonheur.
Toute rencontre se joue à peu de choses, à une main qui frappe à la porte d'une roulotte... à un mot qui entrebaille le palais de la conversation...
Nous quitterons rapidement Comper pour l'abbaye de Paimpont et tout au long du chemin, Nicolas m'expliquera l'utilisation des plantes qui bordent les fossés... et voilà l'équipage à croquer des marguerites !
Nous sommes entrés dans Paimpont en début de soirée... les rues désertes et silencieuses ont permis aux fers de Quidam d'enchanter les rares visiteurs...